JEREMY, CLIP Prod AND mob SUR LE LARZAC
Le Boudoulaou, la Pouncho, Brunas et sa lavogne, la Croix des Scouts, le Larzac en liberté et une mob bleue année 50, tel fut le décor du premier clip orchestré par le rappeur La Graine pour promotionner un des tous nouveaux titres composés par Jérémy, le chanteur révélé au grand public par The Voice. Nous avons passé ce bel après-midi de lumière et de musique en la compagnie de l’équipe de D.Week Prod et de Fiona Petot, danseuse de Flamenco. Un clap, une mob et c’est parti.
13h15, place de l’Industrie, un chien et son maître son sac à dos au sol, maigre fortune et besace à infortune. Une Clio se gare, la vitre se baisse, La Graine au volant, rapide présentation. Bob sur la tête, chemise en lainage épaisse, lunettes teintées, je ne l’aurai pas reconnu.
Il embraye, on prend sa roue, direction Creissels. Au rond-point de Raujolles, le cligno à gauche, la Clio tourne à gauche, direction la route du camping et du Boudoulaou. Une maison à gauche, un petit pavillon propet, on se gare.
Des palmiers emmaillotés, un petit moulin qui bat des ailes, une pelouse épaisse comme un dunlopillo, sur une table de salon d’été, une boîte de sucre, des tasses à café, Jérémy sort d’une porte vitrée «bonjour, je suis Jérémy. Attention, le café il est fort». Dans l’embrasure de la porte, Fiona se prépare, elle s’esquive «je vais me maquiller».
Puis arrive Mads, il épelle son nom « moi c’est Mads, M.A.D.S ». Tenue d’été, tenue de plage version Palavas les Flots, claquettes aux pieds. Oni, n’est pas loin, il n’épelle pas son nom, il revient une poche pleine du supermarché pas loin, «j’ai fait le plein». Dans le cabas, des madeleines Pitch, de l’eau, du gazeux, la journée s’annonce chaude et longue.
Puis à franchir le portillon de ce pavillon, à fouler l’herbe fraîche, à poser sacs et bardas, un duo France 3, Tristan du Journal de Millau, le vidéaste et son toutou matou chéri bibi, Jérémy entouré, à serrer des pinces, des regards collés sur la bonne bouille du petit Prince, un poil nerveux, anxieux «mes parents le sont encore plus que moi». Derniers accords sur sa guitare, ça calme, y’a pas de webcam. Fiona sort de la salle de bain maquillée, le fond de teint clair, la robe virevoltante, les ray ban sur le bout du nez, elle enlace son mec, faut décoller.
Nouvelle chanson, nouvelle équipe, premier clip, La Graine aux manettes, le grand frère, l’ordonnancier de cette journée marathon entre RP, clip à enregistrer, équipe à souder et entretiens en rafale, le premier organisé dans le pré du grand père. Hors micro, il évoque Vianney «on a des points en commun, comme lui, j’ai parcouru l’Europe, l’Allemagne, la Suisse. Comme moi, il a été scout. Comme moi, il aime la chanson française. Quand je dis que j’écoute du Brel, on me regarde toujours bizarrement». Oni demande « c’est où la croix des Scouts ? ».
14h30, la Graine rassemble son petit monde. Première prise, à deux solos d’ici, dans l’encolure du Boudoulaou. Jérémy grimpe sur une vielle Motobécane «ah, je pense qu’elle doit bien dater des années 50». En deux tours de pédales, elle pète, Jérémy en cavale sur l’engin fumant et pétaradant. Guitare ajustée, premiers accords, il marche seul au milieu de la chaussée un 50 mm stabilisé sous le nez. Le plan est simple, rejoindre Fiona, l’enlacer, regard amoureux, un brun langoureux, le refrain donne le ton, Oni lâche «tu ne changes rien, tu es parfaite». En deux prises, le refrain cavale déjà dans le cerveau de chacun, déjà incrusté, de la bonne pop, le message en périscope pour scruter du côté des hits et du Top 50. Mads ajoute «ça y est, je l’ai déjà dans la tête pour un bon moment».
15h30, La Graine lâche «on est dans le timing, on est dans le timing. Toi, en mob, tu montes par la route, nous on monte par là». Là, c’est la piste rejoignant l’aire d’atterrissage de Brunas. Sur ce contre-plateau, vent du nord, manche à air gonflé, le viaduc dans une lumière aveuglante et des curieux discrets «c’est Jérémy, c’est le gars de The Voice». Second plan, seconde prise, faire péter la mob, Fiona aux manettes, Jérémy assis à l’arrière sur un bout de planche en bois. Mads branche une enceinte, le go est donné, la mob cale, noyée. Pas le moment de faire monter la pression, Oni prend l’engin récalcitrant et dompte la bécane sortie des pénates. La prise peut reprendre, long traveling à contre jour sans abat-jour. La Graine crie «Stop», c’est parfait.
Seconde prise, Fiona rentre dans le jeu, la danseuse de Flamenco élégante sans miroir, sur ce promontoire, dans un pas de séduction, ondulante et flamboyante, le duende pour tournoyer et enflammer son «Paco di Lucia». Le refrain coule et joue les TGV dans nos cerveaux, Jérémy pour jongler avec les mots, simples, accrocheurs, vite inoculés, au milieu de cette nature qu’il affectionne «je suis né ici, je suis bien ici». Le jeune interprète, jean troué, écharpe de soie nouée, n’a pas le sourire ampoulé, le stress tombe, la musique prend le dessus, le clip se construit, un hit à l’affût “j’écrirai sur des pétales une histoire par jour” vision cinéphile à 100 images seconde et chanson qui sent bon la chlorophylle.
17h30, la lumière tombe de quelques lux. Le vidéaste est formel «il faut encore attendre pour les plans drones. Là, on assure la scène de la lavogne». La Graine valide, on reprend les voitures, la côte de Brunas est vite avalée, dans un lacet, un cycliste tire la langue et du braquet, au sommet, les voiles sont gonflées. La lavogne de Brunas, cette mare posée là comme une soucoupe volante, multi-filmée, multi-photographiée où les têtards et les grenouilles jouent les andouilles. Le stabilisateur est rangé dans sa mallette, le vidéaste explique «moi, j’aime bien les plans fixes, je ne suis pas fan quand ça bouge tout le temps». Le trépied est posé, mise au point sur le couple, Fiona sur la mob et Jérémy dans le bon tempo. Une loupe sur le rétro, une autre sur la main dans la poignée dans le coin. En second plan, la lavogne et Mads qui se baignerait bien les mollets. La Graine reçoit un coup de fil bref. Il se tourne vers Mads et Oni «les gars, je l’ai le rendez vous ». Ca blague « je te le dis, on va se la louer cette villa à L.A.».
Question de La Graine «on le fait ce plan drone sur la route ?». Le Mavic sort de sa mallette, posée au sol, la gosse libellule prend son envol, dans un arbre les abeilles d’affolent. Au loin, direction la Devez Nouvel, Jérémy et Fiona, cheveux au vent, jouent la Dolce Vita, la mob file droit, le drone tire droit, le Larzac en liberté, le causse défenestré.
19h00, voilà nous y sommes, au bord de la falaise, le vide, la Pouncho en pyramide. Dernier plan avant que la nuit ne prenne le dessus et vienne fondre sur Millau écrasé sous nos pieds. Trois accords, air libre, Jérémy en équilibre, prêt pour son envol. Il dit, la guitare dans le dos «maintenant, c’est à moi de m’affirmer».